
N° 183 Coronavirus : « il n’y a plus un seul pèlerin » sur le chemin de Compostelle en Espagne.
Article de Céline HOYEAU, La Croix le 24 mars 2020 (extrait)



Conques en Aveyron
La Fédération espagnole a aussitôt appelé sur son site à la « responsabilité individuelle » de chacun. Selon son calcul, près de 5 000 pèlerins ont dû renoncer à leur projet et repartir chez eux.
Auberges fermées
Certains, malgré les recommandations et la fermeture des frontières, ont malgré tout décidé de franchir les Pyrénées depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, avant de rebrousser chemin au bout de deux ou trois étapes, faute de gîte et de couvert.
De la Navarre à la Galice, en passant par la Rioja et la Castille, toutes les auberges, qui attendaient l’ouverture de la pleine saison, ont en effet dû fermer sur le trajet. Un rude manque à gagner, alors que la fréquentation du Camino n’a cessé d’augmenter ces dernières années – 350 000 pèlerins l’an dernier. Certaines ont décidé de mettre à disposition des autorités municipales leurs locaux, au cas où la situation sanitaire s’aggraverait dans ce pays où le Covid-19 a fait déjà plus de 2 000 morts.
Hospitaliers et ambassades se sont concertés pour rapatrier ceux qui étaient plus avancés sur le chemin, dans la région de Burgos – près de 600 personnes il y a encore quinze jours. Un service provisoire a ainsi été mis en place par le complexe situé sur le Monte do Gozo, à Compostelle, pour ceux que les restrictions avaient surpris sur la route.
85 % de Coréens
Aujourd’hui, « il n’y a plus un seul pèlerin en Espagne », assure Jean-Louis ASPIROT, secrétaire général de l’Association des amis de Saint-Jacques, qui les voyait partir depuis l’Accueil des pèlerins, à Saint-Jean-Pied-de-port, jusqu’à sa fermeture il y a douze jours.
« D’habitude, poursuit-il, les mois de janvier et février sont plus calmes, nous voyons partir 10 à 12 pèlerins chaque jour pour Compostelle, mais cette année, Dieu sait pourquoi, ils étaient plutôt 15 à 20 à se mettre en route quotidiennement… Le coup d’arrêt est brutal. » Et la frustration d’autant plus grande que la plupart des pèlerins avaient parcouru des milliers de kilomètres pour se lancer dans le fameux pèlerinage : à cette saison, 85 % sont en effet des Coréens.